De la drama nassero-baâthiste
Plus dur encore que de jeûner est le fait de regarder la télé en ce mois de ramadan. La deuxième chaîne nationale nous sert, depuis le début du mois sacré, deux téléfilms arabes. Le premier, syrien, fait l’éloge du modèle de gouvernance encours en Syrie : « Al Hajjaj » ce personnage de sinistre mémoire préfigurait dans le temps toutes les pratiques aujourd’hui monnaie courante dans la quasi-totalité des pays arabes… tout ce que je peux vous dire sur le personnage : Quand il ouvre sa bouche c’est pour donner des ordres. Un modèle de gouvernance, vous dis-je !!!!
Le deuxième téléfilm est égyptien : Une fille de Chobra. Son péché capital : il sent la ficelle. Toute l’ambition du réalisateur est, semble-t-il, de nous servir en un coup de louche panarabisme nassérien et du sentimentalisme mellow. Pour cela, il s’est adjugé les service de Leila Oloui, une actrice qu’on présente plus. Ses rondeurs font d’elle l’actrice la plus pulpeuse de toute l’histoire du cinéma arabe. Pour les pauvres asticots de mon acabit : c’est l’éloge de la cellulite…
Le téléfilm développe deux itinéraires à première vue parallèles. La vie d’une jeune fille, d’origine italienne, ayant ses habitudes dans les milieux huppés de l’époque. De l’autre côté, le cheminement d’une autre vie, tout à fait aux antipodes de la première ; un jeune nationaliste égyptien, issu de la Haute Egypte. Ce dernier cherche à noyauter les hautes sphères, faites de cercles hermétiquement fermés : des féodaux locaux, des Italiens, des Grecs, des juifs (bien sûr) … le héros cherche à déjouer ainsi les complots qui se forgent contre la Jeune Egypte. Il faut attendre le vingtième épisode pour que les deux vies s’entrecoupent enfin… l’Italienne tombe amoureuse du jeune fellah. Elle est reniée par sa mère, une chrétienne bigote … dès lors, le film requiert, je suppose, le même effort « intellectuel » qu’il y a à zapper d’ Al jazeera à Rotana tv continuellement. Du mellow et de l’agitprop. Tour à tour… un supplice.
Dans tout cela la performance de Leila Aloui, avec ses airs de fausse innocence, finit par me faire dilater la rate. Elle se croyait, me disais-je par moment, qu’elle jouait dans Titanic n’était-ce ce petit distinguo : Avec Titanic au moins nous savons à peu près le nombre de gens qui ont monté dessus … bon ramadan.