Au secours Driss Basri !!!
Je persiste à croire que les Années Basri ne doivent en aucun cas être évacuées de notre mémoire collective avec pour ainsi dire perte et fracas. Il y a lieu de s’en inspirer pour revigorer notre système éducatif pour ne citer que ce maillon faible de l’ensemble du système marocain. Cette idée m’était venue à l’esprit comme une illumination, un satori juste après une discussion avec une fille de Oued Zem affectée en tant qu’institutrice quelque part, au fin fond des Monts Zbarbars, dans la région de Tafraout.
La jeune femme, une arabe donc, ne pipait mot du chleuh. Tant bien que mal, elle faisait son travail du mieux qu’elle pouvait jusqu’au jour où il était question de l’arc-en-ciel. Là les enfants ne pouvaient s’empêcher de se lancer en un rire fou chaque fois que l’instit prononçait le mot « qaos qozah », arc-en-ciel en arabe. Comme toute la leçon reposait sur ce vocable, il était si récurrent d’ interrompre la leçon à chaque bout de champ. Exacerbée, elle était allée voir un de ses collègues berbères pour lui expliquer en quoi ce vocable était-il risible. Là, elle était bien obligée d’admettre qu’il y avait de quoi se fendre la pipe. Qaos qozah signifie littéralement en berbère local : baise-le baise-encore-une-fois. Sic
Elle savait cette langue aussi agglutinante que l’arabe. Mais elle ne croyait pas en l’existence d’un mot-valise aussi lourd en significations que celui-ci. Depuis notre instit n’appuyait plus dessus et devint aérienne chaque fois qu’il était question de l’arc-en-ciel. Mais elle entend toujours les gens dire derrière elle chaque fois qu’elle en croise : ko-as ko-zah
Mais où est notre Driss Basri là-dedans ? Me diriez-vous. C’est que l’homme a pu interdire aux Berbères l’usage des prénoms chleuhs et avait même instauré une sorte d’index à cet effet. Je crois qu’en revanche l’Etat doit prendre en charge les particularismes culturels et, pour l’enseignement, pratiquer des coupes sombres dans les manuels destinés aux rejetons d’Apulée.
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arc-en-ciel en berbère : tislit u'nzar : mariée de la pluie (pluie étant masculin en berbère)