Curieux rêve que j’ai fait la nuit d’hier. Je m’étais vu sommer de décoder tous les pseudos usités sur le net marocain. Ils étaient trois bonhommes, tout en muscles, à me poser d’étranges questions dans une chambre noire. Sur le coup j’avais du mal à y reconnaître Tazmamart, Dar Mokri … tellement elle sentait propre, la chambre, que je m’étais rappelais encore une fois l’expression de Robert Musil : l’homme moderne né dans une clinique et meurt dans une clinique : il faut que sa demeure ressemble à une clinique. Un moment, en étais-je venu à regretter qu’elle n’était pas la mienne. Elle était propre, je vous dis, et n’avait rien en commun avec la description que se faisaient les rescapés des années de plomb des lieux de tortures. Tazmamart est une chose toute mentale, me disais-je comme pour me rassurer.
J’ai pu comprendre qu’on me reprochait le fait d’appartenir à une nébuleuse et obscure organisation : blogosphère. La tâche de cette dernière, d’après leurs allégations était de déstabiliser le système. Ni plus ni moins. En découdre avec les bien-pensants de la société et se moquer de son idée du bonheur ainsi que des représentations mentales que se font 30 000 000 d’âmes des choses de la vie est la plus dangereuse d’entre toutes les entreprises terroristes. J’y convenais et allais même évoquer, pour ma défense et parce que la chose me semblait pertinente, l’idée que s’en faisait Umberto Eco quand la porte s’ouvrit. Deux hommes s’étaient ajoutés aux trois et le plus âgé d’entre eux intima aux autres d’y aller. L’interrogatoire pouvait enfin commencer … (à suivre)