On ne compte plus les choses, les idées, …dont on dispute et revendique, entre Maghrébins, le titre de père putatif. La chose est due au fait que l’idée de l’Etat-Nation est encore neuve au Maghreb et qu’au départ c’était une seule entité (Tunisie, Algérie, Maroc) selon la formule heureuse du tunisien Ibn Khaldoun , qui délimite géographiquement cette aire du Maghreb : le couscous et le burnous.
Avec la décolonisation de cette partie de l’Afrique, il était somme toute normal de procéder, dans la foulée, à la liquidation du legs qui remonte à des siècles avant la présence française dans la région. On trace d’abord les frontières, on s'offre un drapeau et un hymne national et on laisse le soin aux universitaires, aux chercheurs, aux historiens la tâche de faire la part des choses pour ce qui est des biens symboliques communs. Il en était ainsi ou presque … au chauvinisme et à la fierté nationale retrouvée s’était mêlé un zeste de jingoïsme et l’on était venu à s’approprier des symboles, des faits historiques à l’exclusion des deux autres parties et il n’est pas jusqu’aux blagues, aux anecdotes qui n’y étaient passées …
Ainsi y va-t-il de la question de savoir quel est le premier pays au monde à avoir reconnu l’indépendance des USA. Les Marocains disent que ce sont eux qui l’ont fait le premier, id pour les Algériens ; les Marocains disent que Moulay Tijani le marabout est des leurs, id pour les Algériens ; les Marocains disent la musique jazzisante de Gnawa est un pur produit marocain; id pour les Algériens … alors, qui croire ?