Cours de dialectal marocain
Dans le parler marocain est kimbo celui là même dont on disait, dans le sketch, qu’il est bête à manger du dentifrice. L’origine de l’expression m’intriguait un temps. Tout ce que je savais c’est qu’elle n’était pas de chez nous (berbère) ni de chez les voisins (arabe), les semi-nasaux n’étant pas usuels ni chez nous, ni chez eux, non plus… Mais qui c’est ce Kimbo ? Ce Giorgione à la marocaine ? …La brûlure de la question était telle que des fois, ses bruissements m’empêchaient de dormir…enfin ! Une façon de parler. Je croyais le mot portugais ou hindou, tour à tour, selon l’inspiration du moment. Des fois, j’allais même jusqu’à camper le personnage dans un rôle quelconque, ou dans celui d’un de ces dieux relevant des mythologies lointaines, de façon à intégrer l’homme dans un ordre quelconque et mériter pour ainsi dire le sommeil des justes.
Grâce à Da Bassou, les écailles m’étaient enfin tombées des yeux. L’homme avait fait l’Indochine et d’après lui le mot n’est ni plus ni moins qu’un butin de guerre. Les Marocains qui y étaient avec lui à la guerre l’avaient ramené dans leurs musettes. Ils ont réussi à mettre la première graine du nouvel homme marocain, inédit jusqu’alors dans l’histoire du pays. Un homme qui s’assigne le rôle qu’on lui détermine et qui ne dépasse jamais les limites à lui tracées par les autres, dieu, le Léviathan … ou tout simplement par son voisin de pallier ; un homme qui se laisse embarquer pour des destinations qui ne sont pas les siennes et qu’on fait voter à l’œil et au doigt pour un parti dont il ignorait jusqu’à l’existence quelques heures avant…Le sens ? D’après Da Bassou : Le kimbo est l’homme qui s’occupait des bardas de ses compagnons d’armes et qui leur servait ainsi de porte-bagages, ce qui était proprement humiliant en temps de guerre. Curieusement, j’ai commencé à prendre le vocable en sympathie est me disais: Kimbo tu as vécu et Kimbo tu mouras -pas besoin de manger du dentifrice pour cela.