"Progress would be wonderful - if only it would stop." ROBERT MUSIL
BOOKS, BOOKS, BOOKS
Published on February 22, 2005 By GarAmud In Misc

L’une des questions qu’on n’a eu de cesse de poser tout au long du SIEL, Salon International de l'Edition et du Livre de Casablanca, était de savoir si le livre lui viendrait d’être déclassé en faveur d’ internet… au Maroc. Ce genre de  questions n’est pas sans me rappeler la réponse que me faisait ma mère chaque fois que je la taquinais en lui disant qu’elle ferait mieux d’accélérer ses cours d’alphabétisation pour pouvoir lire  Nietzsche, sa foi jusque-là à toute épreuve ne s’en trouverait qu’affermie. Elle savait la question vicieuse et me répondait que tout ce qu’elle ambitionnait ici-bas était et est de lire le coran dans le texte –ce qui est proprement un exploit pour une Berbère de sa génération- et que pour le reste, elle voudrait bien rester analphabète, comme le prophète, son modèle. Quand je n’arrivais pas à lui expliquer un de ces mots coraniques qui parsemaient ses heures de lecture, ce qui m’arrivait souvent, elle se demandait l’utilité de tous ces livres dont je faisais grand cas … autant les brûler ! Me disait-elle, s’ils ne peuvent pas nous avancer dans la compréhension du Livre, le coran. Elle ne savait pas que dans tout le pays rares sont les personnes qui peuvent se dire suffisamment au fait de la langue arabe pour le lire, le coran donc.

Cette réponse me rappelle à son tour la réaction d’un religieux musulman le lendemain de l’incendie qui a détruit la bibliothèque d’Alexandrie : si les milliers de livres qui ont pris feu étaient conformes aux exigences de la foi, on aurait rien perdu : tout est encore dans le coran. S’ils sont du genre impie : bon débarras !

Ce détour est pour répondre à la question précitée : Internet tuera-t-il le livre au Maroc ? Deux réponses possibles : 1- depuis quand le livre avait-il ses lettres de noblesse dans notre société ? majoritairement analphabète pour qu’internet lui ravissse la vedette. 2- il peut tuer le livre, mais jamais la lecture.
Aussi, l’événement éditorial au Maroc ces derniers jours, à mon sens, est-il là où on s’y attendait le moins, le SIEL. C’est plutôt le prix discerné récemment par un émir du Golfe à un jeune écrivain marocain pour son premier roman : kama yaliqo bi maghribiyati (ainsi qu’il sied à une Marocaine) … je n’en dis pas un mot pour l’instant. A suivre …

Comments
on Feb 23, 2005
Je crois que la lecture n'a jamais été en péril... Nous lisons sur d'autres supports c'est tout.
La relation physique avec le livre est irremplacable. Un ordinateur, c'est bien. Mais on ne l'emène pas aux toilettes, ni à la plage, ni au lit ... Etant donné le manque d'attrait de mes compatriotes pour l'écrit, je trouve que c'est déjà très bien s'ils commencent à lire sur internet.
Tu nous feras la "review" du bouquin, Gar ?

www.chezrasade.org
on Feb 23, 2005
Volontiers !!! je vous en ferai une note de lecture ... mais il n'est pas disponible pour l'heure dans les drogueries de la ville ... il faudra attendre
on Feb 23, 2005
...A propos de droguerie…mes condoléances leur pionnier a tiznit est décédé « le buraliste de l’machoire »
(je l’est appris par AL-BAYDAOUI.)
on Feb 24, 2005
le religieux dont tu parle est le calife Omar.
on Feb 24, 2005
Nous avons toujours eu une culture orale
L'écrit n'a jamais été l'une des composantes de notre vécu...
Internet pourra-t-il détronner le livre?
Une question somme toute obsolète qui ne mérite même pas d'être posée sous nos cieux..

Clin d'oeil:
Qui est tu vraiment Garmud?
Anouar,la bloggeuse,me disait que t'es un MRE moi je lui disait que ton blog m'a laissé l'impression qu'il est tenu par un épicier dans une ville marocaine..
On a tenu un pari
Qui a raison?
on Feb 24, 2005

désolé pour Anouar, je suis un Marocain du Maroc et je suis un épicier ou peu s'en faut... c'était quoi le pari?