A
la lecture des journaux marocains où la part belle des
« unes »
est donnée ces derniers jours aux procès de tout
genre, aux sit-in tout aussi
différents, certains Marocains se mettent d’ores
et déjà à poser, l’air de ne
pas en revenir, la question suivante : Mais où
va-t-on ? Tant de
changements sont en effet en cours et cela les secoue un bon coup dans
leurs
manières d’être, dans leurs habitudes
jusque-là ferrées sur la commodité, la
facilité, les sécurités ordinaires, au
point de croire que le pays va s’écrouler
du haut de son socle d’argile …et peinent de ce
fait à y voir plutôt un bon
signe, le cours normal que devait prendre la vie politique marocaine
des années
plut tôt. J’estime
que le propre d’une
démocratie réside dans ce sentiment
même, fait d’instabilité et
de fragilité. Plastiquement, Les dictatures
donnent à voir une scène de genre où
sont peints des gens moyens vaquant à
leurs activités de tous les jours, les bouches cousues,
là où les démocraties
offrent un autre spectacle, aux antipodes du premier, tout en
mouvement, le
présent y est donné comme une
hypothèse, vite dépassée pour une
autre et ainsi
de suite, un devenir …
L’une
des comparaisons les plus citées à cet effet est
rapportée par Seymour Martin
LIPSET dans
son essai « Political
Man » :
deux politiques, un Français et un autre Espagnol
échangent des idées, ce
dernier confie à son interlocuteur que sous la dictature de
Franco la scène
politique espagnole semblait figée, pas de contestations,
pas de sit-in … tout
y était tranquille un peu l’image
de
certaines dictatures arabes : la presse muselée,
les maisons d’éditions
sabordées, les partis interdits. Par contre, à la
même époque, la France
d’alors bouillait, contestataire,
soixante-huitard … De Gaule n’y pouvait rien sinon
« d’instaurer » ce que
sera
par la suite la TVA
en veine de punition pour
ces étudiants repus, las du confort …
on
était ou pour cet impôt ou contre et
c’était un vrai débat citoyen.