Pourquoi ce blog?
Ce n'est qu'au quinzième jour que je me rends compte qu’il me reste à définir la ligne disons éditoriale -j'allais dire blogoriale- de ce carnet . Jusque-ici, je ne faisais qu’écrire. Même si c’est encore de façon désordonnée, ... juste écrire, me disais-je, et au diable Sidi H’mad u’Muça!

Un préalable donc à faire avant que d’y aller. Impérativement. Sinon, je me ferais prendre à la chaleur du banquet et risquerais d'écraser, chemin faisant, bien des orteils... juste par jeu, comme à mon enfance, quand je faisais partie de la bande des Gumboots (M'alline el bott), ennemi juré de la bande des Godasses OCP(S'hab el godass). Celle-ci étant constituée de recrues berbères -toutes fratries confondues. La mienne était moins lotie et faite au neuf dixièmes d’Arabes, fils de paysans pour la plupart. J’étais le un dixième manquant. Le jeu en question consistait à s’écraser les uns les autres le gros orteil, et gare à celui qui osait sortir autrement que les pieds bien protégés. Le mien d'orteil en garde, encore à l’heure qu’il est, d’affreuses séquelles.

J’étais le seul berbère de la bande et cela m’ avait coûté le surnom d’Iwiss n’tbudrart (Fils de montagnarde) de la part de mes compatriotes. Suprême anathème ! J’étais devenu alors celui-qui-a-trahi-ses-frères, le morveux et même le boutonneux à abattre. Pourtant, je n’avais jamais été membre de la bande des Godasses OCP et n’ayant pas tiré de barbeaux de leur vivier pour les trahir après. Rien ne me liait à eux. Même pas la reconnaissance du ventre et c’est à peine si je pouvais baragouiner quelques mots de la langue maternelle. Adulte et vacciné, je me sens encore ce curare dans l’âme. Seulement je l’administre à cet être collectif que je suis devenu au fil du temps.

Il y a de la traîtrise jusque dans mon code génétique et le présent blog ne se défera pas de cette eau.
Déjà que j’imagine le lilienblum des Marocains que je deviendrai, le judas des Berbères, des Arabes, des musulmans, de la gauche, de la droite, du centre, de Amal Tiznit-Ko-Tzrit, de l’Anti-Atlas, du Club des Mohock, de l’Olympic Club de Boujniba, du Rotary club ... Pourtant je ne partage rien avec tout ce beau monde et partant rien à renier. La seule chose que j’ai en commun avec mes compatriotes c’est, en effet, ma façon de traverser la rue : de travers et le fait de cracher en public, sans crier gare ... tfou !!
Quand on est Marocain, c'est pour la vie. Le présent blog est justement pour m’en soigner, prendre mes distance vis-à-vis du burnous et du couscous.
Là est le dessein avoué de ce blog.