Des milliers de Marocains portent des noms d’oiseaux en patronymes. Il m’arrive souvent de leur photocopier des documents officiels, leurs cartes d’identité … j’en riais les premiers jours et puis je m’y fis ..et suis à l’heure qu’il est à m’épancher en sentiments de compassion. Certains d’eux sont à ce point décapants que je n’arrête pas d’y penser et même d’en rêver, la nuit, tel le cas de Mr. JabouBrik : Mr. Ils-ont-ramené-Brik sic. D’où l’ont-ils ramené ? aucune idée. Seulement des é...
L’autre jour, j’étais chevillé à mon ordinateur à tchatcher sur Caramail quand deux fatmas firent intrusion chez moi. Dans mon bureau de tabacs, cela s’entend. Sur le coup, je les ai prises pour deux clientes et m’étais mis debout, me composant un « Udm n’hettan kra yatt », une figure impersonnelle ainsi que nous nommons la chose dans notre jargon Chleuh. La plus âgée m’intima de la main l’ordre de regagner ma place. Elles avaient atterri chez moi juste pour papoter, loin des indiscrétions ...
Je me demande si nous, Marocains, ne devrions pas en vouloir au Robert, au Larousse, au Littré … ainsi qu’à l’Académie des Immortels de nous mettre de côté dès qu’il s’agit d’apporter une pierre à l’édifice de la francophonie. Je m’explique : nos co-continentaux, les Africains sub-sahariens, ont pu forger des expressions qui leur reviennent de droit et sont en train de lexicaliser un certain nombre de vocables qui font à présent partie du vocabulaire disponible d’un Sénégalais par exemple....
Sacré Mohmmad O’Hmad ! encore une scène d’Orly qu’il me rapporte avec la superbe qui sied à un débardeur désabusé. Il y est question de l’un de nos frères pétrodollars qui, au guichet, répondait avec plus ou moins de bonheur aux questions que lui posait un guichetier, un navigateur rompant en fait : -L’employé : prénom ? -Le pétrodollar: Abdulghafour -L’employé : Nom ? -Le Pétrodollar : Zamel -L’employé : Sexe ? -Le pétrodollar : trois fois par jour -L’employé, offusqué : pardon ! se...
Mine de rien, Tayeb O’Garbouz est devenu le premier contribuable du Royaume chérifien. A ses débuts, il vendait juste du « taib ou hari » au bord d’une grande jerricane à roulettes qui contenait dans le temps du lait en poudre, gracieusement offert par US Aid. Encore à ce jour, Tayeb se demande s’il n’y a pas là un signe du destin et croit dur comme fer dans son étoile… « tu te rends compte ? Gar Amud !, me disait-il à chaque rencontre, toute ma fortune vient de là : une jerricane à moitié ...
Quelque part dans La Torah Borah Notre homme, flanqué de ses deux acolytes le Mollah Omar et Azzawahiri, sortit enfin de sa grotte. Les trois hommes n’étaient alors connus que d’une poignée d’historiens et de quelques agents de la Planetary Investigation Agency (PIA). Leurs photos trônaient en triptyque au beau milieux de la Rogue Gallery et les plus hardis d’entre les visiteurs, quand il leur arrivait de jeter un coup d’œil dessus, les confondaient avec des personnages bibliques. Ils se ...
Qui a dit que khoroto, notre caroube national, ne donne pas dans le politiquement correct ? Hier en prenant un grand-taxi pour me rendre à la boutique, j’ai fait les frais de cette boutade toute en couleurs. Nous étions six personne à bord d’un taxi, une mercedes 240, quand un passager apostropha le chauffeur : -dis-donc combien de chevaux y a-t-il dans votre moteur ? - neuf, répondit le taxi-driver, pourquoi ? tu veux l’acheter ? - Non, juste pour te signaler que vous en avez deux de br...
Il est un tic, un exercice, une habitude,… qu’observe la quasi-totalité des primates mâles quand ils croisent sur leur chemin un beau spécimen féminin. Tous ou presque y vont du même regard, plus ou moins lascif, mais uniformément intéressé. La nature semble fixer ainsi la partition à jouer selon qu’on est homme ou femme, singe ou guenon,… mais en même temps elle laisse à tout un chacun le loisir de se la jouer rubato. Les deux sexes s’accusent de camp et se différencient l’un de l’autre en s...
Dans les années 70 nos soldats faisaient la guerre à Chaba, dans l’ex-Zaïre, pour les raisons que nous connaissons tous. Leur présence avait donné lieu à un phénomène dont on a longtemps parlé après: le Phénomène Rabat. Une sorte de réactualisation de celui, plus ancien et plus littéraire du Fanfan la Tulipe.Des soldats qui alternaient les faits d’armes à ceux de la bonne chair… Pour nos soldats, c’était un échange de bons procédés : ils payaient leurs passes en nature, contre des boîtes de...
J’ose nommer ainsi tous les instits, tous les profs de l’arabe qui m’ont jusqu’ici initié à langue du Dhad, l’arabe. Tous m’ont enseigné qu’ils sont au nombre de cinq, ces mots qu’on dit « spéciaux », pour avoir une inclinaison irrégulière : 1-akhou : frère 2-Abou : père 3-Hamou : beau-père 4-Fou : bouche 5-Dou : propriétaire de, ayant … Mais on en avait mis un sixième de côté, pour ainsi dire au placard, parce qu’il est tout bonnement contraire à l’image qu’on donnait du rapport inst...
Pour fermer cette parenthèse ovine, une anecdote bien de chez nous. Mais avant que d’y aller avec ce dernier coup d’étrier, un avertissement s’impose. La blague qui va suivre est de celles qu’on raconte entre hommes ou femmes et jamais de façon mixte, ou alors durant les relâchements du banquet (ou de l’alcôve) … si par extraordinaire, vous n’avez aucune disponibilité à lire de ces blagues, prenez le raccourci alt + F4 ou (apple + Q) c’est plus sûr. C'est la nuit. Un berger se sent s...
Finalement, je ne suis pas aussi gar amud que cela. J’ai été même jusqu’à me proposer à la smala pour l’abattage de la bête. De mes propres mains donc… Elle ne veut rien de moi. Absolument. La smala. Elle me trouve impur pour la bête et indigne de figurer dans la photo de famille, prise pour l’occasion avec le mouton. Un triptyque : une pause avec le mouton de son vivant, une pendant l’immolation et une troisième suspendu, exsangue, à son esse. Du mouton dans tous ses états. Elle ne m...
Sûr que je deviendrai végétarien maintenant que je suis au fait de l’existence d’un homme au patronyme O combien évocateur … à une semaine de la fête du mouton. Un patronyme gargantuesque c’est le moins que l’on puisse dire. Mr. Zerdahna : Mr. Par-Ici-la-Super-Bouffe Devrais-je y voir un signe du destin ? M’acheter un ticket de bus chez Ait-Mzal ? Prendre la route de Tamazight avec des milliers d’autres Marocains, ne faire qu’un avec la ruée annuelle du MU vers le MI, du Maroc Utile vers ...
Le sait-il ? Ce Petit Marocain, quand il noie chaque matin que Dieu fait son bout de croissant tout chaud dans le fatidique Nass Nass fumant ? Il est dit que les Turques avaient assiégé Vienne pendant trois mois. Les 120 000 spahis de Souleiman le Magnifique croyaient ces « gouars » à court de farine et finiraient bien par se rendre, quand ils n’auraient plus rien à se mettre sous la dent… trois mois à poireauter ainsi devant les remparts de cette ville alors qu’à l’intra-muros, rac...
Ils ne s’adressaient les uns aux autres qu’avec le surnom d’el Hadj et cela ne présageait rien de bon. De ma vie je ne m’étais entendu avec un hadj qui vaille et le seul mérite que je reconnaissais à mon géniteur était justement de n’avoir jamais été à la Mecque. C’était pour ainsi dire son signe particulier au milieu d’une smala où les neuf dixièmes des hommes et des femmes étaient hadj une fois, deux fois, voire sept fois. Dis-moi combien de fois étais-tu à la Mecque et je te dirais qui es-...